dimanche 4 janvier 2009

L'extrême droite au Japon, ou les errements du relativisme nippon




Difficile de parler de l'extrême-droite au Japon sans parler de tout le monde politique en général. Toutes les personnes qui sont restées ne serait-ce plus d'une semaine dans l'archipel ont aperçu ces camionnettes noires, arpentant lentement les rues des grandes villes, crachant de la musique militaire japonaise (軍歌, gunka). Ces hommes et ces "femmes d'action" font partie de la nébuleuse uyoku (右翼, "groupe de droite"). Il existe des dizaines de groupuscules formant cette nébuleuse. Ils ont certes une idéologie de droite, comme il se doit, mais font surtout partie du crime organisé. Ils entretiennent des liens étroits, entre deux mondes interlopes qui se côtoient, avec les yakuza et la police. Les fourgonnettes uyoku déambulent dans toutes les villes japonaises sans que rien ne se passe. Ils marquent généralement le coup en prononçant des discours dans les quartiers les plus fréquentés lors de l'anniversaire de l'Empereur par exemple. Ils affrontent leurs ennemis jurés (左翼, sayoku, groupe de gauche), chaque année, lors de l'anniversaire de la défaite du Japon. Les groupes uoyku ne sont jamais inquiétés, puisqu'ils sont soutenus par des politiciens locaux et la police.
Je me souviens d'une anecdote qui m'a fait beaucoup réfléchir. Lorsque le Tengu était encore un étudiant, il y a quelques années, il vivait à côté d'un dortoir destiné aux étudiants chinois. Chaque mois, un groupe uyoku venaient ratonner les étudiants asiatiques (en majorité de sexe féminin). Nous avons appelé la police, et personne n'est jamais venu. Les groupes uyoku, bien que ne s'attaquant qu'à des cibles très précises, ont carte blanche et font généralement ce qu'ils veulent. Ils s'attaquent aux professeurs ou aux journalistes qui ne leur plaisent pas; ils prononcent des discours tonitruants en face de grands magasins jusqu'à ce que le gérant leur donne quelques liasses pour qu'ils s'en aillent; ici, ils harcèlent un famille coréenne pendant plus d'un mois en hurlant des discours racistes (cette famille coréenne venait d'acheter un maison; certainement alertés par un membre très prévenant du voisinage, une dixaine de membres d'une faction uyoku ont stationné leurs fourgonnettes devant cette maison pendant plus d'un mois, en passant des discours tonitruants sur le thème de "retourne dans ton pays"); là ils restent pendant des années en face de l'ambassade de Russie, en scandant des slogans sur le thème de "rendez-nous ces îlôts volcaniques infertiles que vous nous avez volé lors de notre compagne de réunification de l'Asie...débutée en 1937". Bref, des fachos, certes, mais qui finalement bénéficient de passe-droits et d'appuis à tous les niveaux. De plus, ils se revendiquent directement de groupes actifs durant la Deuxième Guerre; ils n'ont en aucun cas besoin de se refaire une beauté et de s'acheter un conduite, comme beaucoup de groupes et partis d'extrême droite en Europe. Les reliquats de la Deuxième Guerre mondiale, ne choquent pas au Japon; le massacre de Nankin nié sur la télévision nationale, avec des preuves présentées par mannequin en minijupe, fait l'unanimité. Les Japonais crient au scandale lorsqu'un touriste lache un papier gras, mais ne s'offusquera jamais devant des brutes nazies qui défilent en rang d'oignon sous leur fenêtres. Et le problème est bien là: entre la Deuxième Guerre et aujourd'hui, il n'y a pas eu des ruptures. Quoi? S'excuser? Mais on a payé avec Hiroshima et Nagasaki!!!

Certains diront que les Américains, peu après la guerre, ont relaché des criminels de guerre pour contrer les Rouges.

D'autres diront que les pays avoisinants sont bien trops hostiles et différents du Japon pacifique, unique et divin, et que l'on ne tend pas la main à un poing menaçant.

D'autres diront que les Chinois ont envahi le Tibet et le Xinjiang, et qu'il est hors de question de s'excuser dans ces conditions.

Les Japonais savent s'excuser pour toutes sortes de broutilles. Mais lorsqu'il s'agit de s'agenouiller, de demander pardon et de présenter de vraies excuses, sans rien attendre en retour, les élites japonaises ne savent pas y faire. Culturellement, ils ne savent pas comment présenter des excuses sincères et leurs élites sont bien trops arrogantes pour laver l'honneur de leur pays. N'oublions également pas que tous les hauts dirigeants japonais descendent en droite ligne de criminels de guerre et de dignitaires facistes de la Deuxième Guerre (par exemple, la mère de Shinzo Abe, Yoko Kishi, est la fille de Nobusuke Kishi, ancien Premier Ministre du Japon et Criminel de Guerre de classe A, son père et son grand-père étaient également des politiciens de haut-rang; des prisonniers de guerres ont également travaillé dans les mines que possédaient la famille de Taro Aso, etc...).

Le Japon a atteint un degré d'opulence qu'aucun pays asiatique n'a encore pu égaler. Nous pourrions argumenter pendant des années, mais il n'en reste pas moins que, même si le Japon a connu un succès économique certain dans les années quatre-vingts, ils restent encore des progrès énormes au niveau des moeurs et des bonnes manières. Beaucoup de Japonais pensent sincèrement qu'un bon service est celui ou l'on vous gueule "irashyai" cent fois de suites au milieu de la figure; beaucoup de Japonais pensent également qu'un coup fil dans un train n'est pas moins bruyant que l'apocalypse, mais qu'un vieux bourré qui se gerbe parmi sur le quai fait partie du folklore. Et beaucoup de Japonais pensent que si Koizumi s'est excusé une ou deux fois (avant de se rendre au Yasukuni pour prier à la mémoire de soldats morts, criminels de guerre inclus), et bien c'est bon, nous sommes sauvés. Une excuse, à la Japonaise, en croisant les doigts dans le dos, et tout ira bien. Les entorses au bon sens et l'ignorance totale de ce que peut éprouver autrui menacent le Japon de suivre son destin, probablement tout tracé, de pays dont tout le monde se fiche, de future colonie internationale. Le sang pur du Yamato, race choisie des dieux et guidée par l'Empereur sera tari et l'Archipel sera partagé entre les Chinois (pour les restos, les troquets et autres bouges improbables), les Americains (pour la défense) et les Européens (pour les femmes).

Et au milieu de tout cela, les quelques hommes japonais restants, vêtus de leur complet gris, coiffés d'une raie sur le côté, hausseront probablement les épaules et diront probablement: われわれは日本人だよ。

(Mais euuhh, nous sommes Japonais)

3 commentaires:

  1. t'es le roi du raccourci toi

    et ta nippophobie fait de toi le frère des connards que tu dénonces

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  2. et moi je suis le roi des enfants

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  3. Article affligeant qui suinte la haine du nationalisme (qu'il soit nippon ou non). Insulter les héros militaires japonais en reprenant la terminologie de "criminels" (venant tout droit de l'Amérique hégémonique) est lamentable. Les "massacres" de Nanquin sont sujets à caution par beaucoup d'historiens mais représentent un beau prétexte hypocrite pour faire oublier les crimes abominables des USA (Hiroshima, Nagasaki, les bombardements horribles sur Tokyo). A quoi sert d'être en séjour au Japon pour finalement déverser autant de haine sur ce pays via ce blog ? Autant rester chez vous.

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