lundi 12 janvier 2009

Non au Yakitori Anglo-Saxon




Ah, depuis quelques années maintenant nous entendons parler du Japon comme une sorte d'hôpital militaire dans lequel tout est réglé; un endroit où toute chose a une place, mais ou personne n'a sa place, et encore moins les touristes. Les hurlements et vagissements de tous les pseudo-activistes de la cause gaijin, Debito Arudo en tête, hurlaient au scandale lorsque des établissements de source termale refusaient les clients étrangers, ou lorsque des troquets (généralement des pince-fesses douteux), arboraient la fameuse pancarte 外国人お断り (gaikokujin o-kotowari, "nous refusons les étrangers"). A la question de savoir sous quel prétexte les Japonais refusent les étrangers dans leurs maisons de joie, nous nous refuserons à tout commentaire et nous ne nous préoccuperons jamais, au grand jamais, de répondre à cette question futile, même si parfois quelques idées nous effleurent et que certains observateurs pensent que la cause de ce profond malentendu se trouve dans l'isolationisme incorrigible de certains mâles japonais, qui ne souhaitent pas que l'aura de puissance et de majesté qu'ils pensent pouvoir générer grace à leur genitalia ne souffre d'une concurrence déloyale.

Le Tengu se fiche de savoir si les maisons closes n'acceptent pas les étrangers, il n'en n'a pas besoin. Et un client étranger, s'il parle bien japonais, s'il sait se faire poli et s'il prouve d'entrée qu'il peut allonger des sommes conséquentes, peut rentrer partout, sans aucun problème.

Mais aujourd'hui, la chose qui me préoccupe ne sont pas les inscriptions interdisant l'accès au étangers, mais bien les inscriptions qui invitent les étrangers EN ANGLAIS.

Le Japon est bien comme il est; le Tengu ne veut pas qu'il change. Nous voyons fleurir aujourd'hui, sur le perron de certains troquets, des inscriptions en anglais qui invitent cordialement les étrangers et les groupes de touristes à passer un moment sympatoche dans leur échoppe, et ainsi découvrir la culture japonaise... Le Tengu n'est pas un touriste et ne veut pas de menu en anglais. Il parle japonais et ne souhaite pas être assimilé à un gros bras anglo-saxon adepte du spring-break.

Lequel de ces écriteaux me révulse le plus? Quel challenge est le plus ennuyeux? Se faire accepter ou faire la différence? Qu'en pensez-vous?

dimanche 11 janvier 2009

Temple Yasukuni - Entre amnésie et mensonge


Personne n'avait vraiment entendu parler du Temple Yasukuni jusqu'à ce que le Premier Ministre Koizumi y amènent son pelage grisâtre, engendrant une vague de protestation rageuse en Asie (tout particulièrement en Chine et en Corée). Le Temple recèle l'âme de plus de deux milions de soldats japonais morts pour la patrie, parmi lesquels un peu plus d'une douzaine de criminels de guerre bien connus en Asie du Nord-Est. Le Temple Yasukuni est donc dédié à l'histoire avec un petit H, celle que les petits Japonais apprennent à l'école; histoire révisioniste, fierté de petit coq sur le déclin, dont la culture interdit de faire amende honorable et de laver l'honneur d'un pays amnésique. Les Japonais ne sont pas friands d'histoire ni de politique. La plupart s'en fichent comme de leur première culotte, laissant le champ libre aux rats révisionnistes et aux cafards du Parti Libéral Démocrate (自由民主党 jiyuuminshutoo, ou 自民党, jimintou). Les seuls musées d'envergure consacrés à la Deuxième Guerre se trouvent au Yasukuni et à Hiroshima. Le musée du Yasukuni résume assez bien l'histoire officielle. Pour résumer la génèse de l'Ancien Testament nippon, le peuple Japonais (né il y a plus de 2400 ans) forme un peuple unique, descendant d'un autre primate. L'histoire japonaise se scinderait en deux parties: dans un premier temps, les Japonais vivent sur un île, se querellent de temps en temps et gagnent en puissance. La seule voie menant au bonheur se trouve dans l'isolationisme le plus total. La seconde phase de l'histoire de l'Archipel est initiée par l'arrivées des Occidentaux, qui frappent aux portes du Japon et obligent les Japonais (confinés sur leur île idyillique et vivant en harmonie) à délaisser leur existence paisible de peuple élu. Pour éviter de sombrer sous le joug des nations occidentales comme le reste de l'Asie, ils doivent se mesurer aux barbares poilus en important leur technologie. Le destin du peuple Japonais est comparable à celui du Peuple Noir. Le peuple japonais est opprimé. S'ils conquièrent la moitié de l'Asie, c'est pour la libérer. Si l'armée impériale pille, viole, massacre des enfants, font des expériences scientifique sur des détenus, forcent des femmes à se prostituer, c'est pour donner aux peuples asiatiques leur droit inaliénable à disposer d'eux-mêmes. La dernière partie du musée du Temple Yasukuni présente l'oeuvre de l'armée impériale comme un acte de rebellion anti-colonial: ces historiens comparent l'oeuvre du Grand Japon de l'époque aux révolutions menées par Ghandi (!), Ho Chi Minh ou encore Sukarno. Curieusement, Mao Zedong ne figure pas parmi les grands libérateurs de l'Asie...bon, il a combattu les Japonais, et ses troupes sont qualifées de terroristes. La Guerre Sino-Japonaise n'a pas la dignité nécessaire à être appelée "guerre". La salle consacrée au conflit précise que les deux parties n'ont jamais échangés de déclaration de guerre en bonne et due forme; les partisans de Mao sont donc des terroristes, qui ont eux-mêmes poussés leur pays vers une répression sanglante. Le massacre de Nankin n'a bien évidemment pas eu lieu; il n'est pas fait mention de l'Unité 731 (731 部隊, nana-san-ichi butai, dont l'oeuvre est semblable à celle du Dr. Mengele). Les historiens et politiciens japonais ne sont certainement pas amnésiques, mais des menteurs de la pire espèce.

Pour exposer le point de vue du Tengu de manière très concrète: je n'aimerais pas qu'on brûle ma maison, viole ma femme, tue mes enfants, et qu'on prétende par la suite que c'est de ma faute.

Les Japonais, et en particulier leur classe politique, ne feront jamais amende honorable pour trois raisons:

-Nihonjinron, ensemble de textes et de croyances dans le caractère unique et divin de la race japonaise. Les Japonais, étant par essence supérieur à leurs voisins, n'ont pas à s'excuser. Point final. Le racisme des Japonais, en particulier à l'égard de Chinois et des Coréens, et leur volonté isolationiste rendent impossible tout dialogue et toute remise en question.

-Proximité des leaders poilitiques avec les événements en cause. Les plus éminents politiciens du Parti Libéral Démocratique sont liés par le sang aux criminels de guerre et/ou aux capitaines d'industrie qui ont exploité et pillé l'Asie.

-Hiroshima et Nagasaki. Les Japonais pensent avoir payé; le largage de bombes bombes H, étant un crime si abominable, n'est rien comparé aux 10 millions de morts en Chine, des millions d'autres en Asie, des massacres et de l'exploitation des prisonniers de guerre (parmi lesquels des Occidentaux).

Le Tengu était très en colère après avoir visité le Yasukuni. Les Japonais, dans leur majorité, ne sont pas de sinistres révisionnistes : ils se fichent éperduement de leur propre histoire. Cependant l'avenir est sombre: les tensions en Asie du Nord-Est ont tendance à exacerber les nationalismes des uns et des autres. Le Temple Yasukuni a tout de même fait l'objet d'un tabou pendant les décennies d'après-guerre. Mais, mais...mais...l'embargo du Ministère de l'éducation sur les visites du Yasukuni a été levé il y a quelques semaines par les autorités locales de la Préfecture de Saitama, afin de (je cite) "découvrir la culture japonaise ". L'industrie du révisionnisme a les moyens de changer le pays pour le pire. Les fachos sont dans les starting blocks, ne manque plus que de modifier quelques lois. Le peuple de Wa (和), peuple élu, descendant du Yamato, s est perdu momentanément. Il ne manquera pas de retrouver sa splendeur originelle...

La voie du Soapland - Prositution made in Japan




La majorité des établissements offrant des services "adultes" au Japon aligne généralement des femmes (jeunes) dans le but de flirter. Comme je 'ai mentionné dans un autre message, les hommes japonais ont une peur bleue de la pénétration, qu'ils n'osent même pas pratiquer avec leurs femmes (celles qu'ils ont marié, j'entends). Mais il exsite quelques exceptions, bien entendu. La plus connue étant le soapland (ソープランド). Les soapland offrent des services strictment sexuels. Les femmes qui y travaillent sont généralement plus âgées et expérimentées; il n'y a pas de travailleuses à mi-temps ou d'étudiantes qui avalent pour du Louis Vuitton. Le soapland est une maison close. Un vieux rabatteur se trouve généralement à l'entrée; il guette et attire les clients. Son aspect est généralement glauque et le Tengu trouve qu'une telle enseigne aurait tendance à faire fuir le chaland. Tout est toujours très calme autour des soapland; la furtivité du client tranche avec la bonne humeur avinée des groupes qui se rendent aux Fashion Health. Le client est venu pour tirer son coup, il n'est pas là pour s'amuser.

Un service offert dans un soapland s'organise de la manière suivante: le client passe à un guichet, paie (les sommes varient entre 14'000 et 20'000 pour environ une heure). On lui passe le numéro de la chambre. La chambre est une vaste salle de bain. Le client se baigne avec la fille, qui nettoie le corps fatigué du client avec des litres mousses de savon, avant de plonger avec lui dans une énorme baignoire. La fille a dans la quarantaine; il est cependant toujours de dater les filles de joie, puisque leur peau et leurs attributs reflètent les petits outrages du temps bien plus rapidement que les autres femmes japonaises: le nombre de clients, les nuits blanches, ainsi que quelques maladies vénériennes leur donne un aspect plus mûr.

Quel genre de femmes travaillent dans les soapland? Les femmes qui veulent de l'argent facile travaillent comme hôtesse dans un kyabakura (cabaret-club); mais pour ce faire il faut savoir mener les hommes en bâteau, les faire consommer et les fidéliser; en un mot, elles doivent être capable de discuter longuement. Beaucoup de Japonais pensent que parmi les femmes qui veulent du Louis Vuitton dans la minute, quelques unes n'ont pas les moyens intellectuels ou sont trop timides pour faire parler les clients et paraître pétillante; ce sont elles qui travaillent dans les Fashion Health et les soapland. La vie est cruelle: si tu es trop timide pour parler avec un client, le sucer sera plus facile. Logique japonaise; l'intellect nippon est exotique, mais finalement assez simple à comprendre. Leur timidité (comme ils aiment à appeler leur paralysie affective) et leur conception consumériste de la vie amoureuse donnent aux femmes japonaises les moyens de faire des choses extraordinaire.

vendredi 9 janvier 2009

Fashion Health, les salons de la misère sexuelle au Japon






La presque totalité de la culture urbaine japonaise se trouve concentrée dans le monde de la nuit. Le Tengu connaît tous les mauvais quartiers comme sa poche et il s'est fait un devoir de répértorier l'ensemble des mauvaises échoppes et des coins peu recommendables. Une part extrêmement fascinante de ce commerce se trouve dans les salons Fashion Health (ファッシオンヘルス), qu'on trouve aisément dans plusieurs grands quartiers chauds de l'Archipel (Kabukicho, Ikebukuro, Shibuya, mais également à Susukino et plusieurs quartiers d'Osaka). Des lois anachroniques ont crée des tabous si tordus au fil des ans, que les mâles japonais trouvent aujour'hui leur plaisir dans des échoppes aussi tordues et infitilisantes que les Fashion Health. Malgré les apparences, le mâle japonais a fondamentalment peur des femmes et de cet abîme sans fond, conçu pour leur plus grand désespoir, que nous appelons communément un vagin. La prostitution existe au Japon, bien évidemment, mais la majorité du sexe tarifé se fait sans pénétration. Certains diront que la loi qui bannit la prostitution en tant que telle empêche le salaryman de copuler dans les règles de l'art. Je pense qu'il n'en est rien: le coït naturel et hyginénique est à vendre à la sortie du bureau, et la pratique du enjou-kosai (援助交際, collégiennes payées pour accompagner des vieux au restaurant et plus si affinitiés), bien qu'ayant connu un pique dans les années quatre-vingts-dix, se pratique toujours, sans que personne ne trouve à redire. Mais les amateurs de prostitution traditionnelle et de l'enjou-kosai forment un minorité, plutôt décriée. Les clients des Fashion Health peuvent bénéficier des services d'étudiantes (qui travaillent dans ces salons de manière occasionnelle, car il n'y a pas de masseuse professionnelle dans les Fashion Health), tout en respectant la loi et en ne trahissant pas la loi maternelle et civile du "tu ne pénétreras pas".

L'entrée des Fashion Health est fluorescente et fait généralement mal aux yeux. Les photographies des jeunes femmes sont placardées parfois en dehors de l'échoppe. Il faut franchir un petit rideau en plastique, pour ensuite voir une chambre couverte de photos de taille A5. Toutes les filles mettent à disposition leur minoins, et j'ai la très ferme conviction que plus d'un père a du tomber sur le portrait de sa progéniture. Les étrangers ne sont pas les bienvenus dans les Fashion Health; mais le Tengu n'est pas un étranger comme les autres: il connaît tous les secrets de l'Archipel. Un yakuza se trouve dans la salle et demande au client avec quelle fille il souhaiterait passer du temps. Après avoir passé sa commande, le yakuza emmène le client dans un autre bâtiment; le client passe à un guichet, paie (17 000 yen, 13 000 pour la fille et 4000 pour une chambre) confirme le choix précedemment fait, car un autre employé teste le client en soumettant d'autres clichés des filles disponibles ce soir-là, bien plus suggestifs. Ce même employé égrène les differentes lois qui régissent l'activité des Fashion Health: la plus importante étant de ne pas avoir de relation sexuelle avec la fille. Le client passe ensuite dans un salle d'attente; plusieurs autres personnes, toutes passablement avinées, attendent leur tour. Ils lisent des magazines, regardent la télévision et prennent bien soin de ne pas croiser le regard du voisin.

Lorsque le tour du client vient, la personne au guichet lui indique que la fille attend au rez-de-chaussée. La fille attend, elle est vêtue d'une manteau de fourrure blanc et de jeans moulants. Elle est étudiante et fait ce travail non pas pour financer son avenir, mais pour se payer quelques menues babioles de luxe. Le client et la fille se dirigent vers un autre bâtiment, qui compte plusieurs étages et dont la principale fonction est d'hébérger pendant quarante cinq minutes les vieux cons avinés et le jeunes donzelles prêtes à tout pour du Louis Vuitton. Enfin, peut-être pas prêtes à tout (une fellation et une douche pour être précis), mais le côté légèrement terrifiant est que la fille avale la semence du client. Le client lui demande si elle avale la sememce de tous les clients... et oui, selon ses dires, c'est ainsi qu'elle fidélise sa clientèle.

dimanche 4 janvier 2009

L'extrême droite au Japon, ou les errements du relativisme nippon




Difficile de parler de l'extrême-droite au Japon sans parler de tout le monde politique en général. Toutes les personnes qui sont restées ne serait-ce plus d'une semaine dans l'archipel ont aperçu ces camionnettes noires, arpentant lentement les rues des grandes villes, crachant de la musique militaire japonaise (軍歌, gunka). Ces hommes et ces "femmes d'action" font partie de la nébuleuse uyoku (右翼, "groupe de droite"). Il existe des dizaines de groupuscules formant cette nébuleuse. Ils ont certes une idéologie de droite, comme il se doit, mais font surtout partie du crime organisé. Ils entretiennent des liens étroits, entre deux mondes interlopes qui se côtoient, avec les yakuza et la police. Les fourgonnettes uyoku déambulent dans toutes les villes japonaises sans que rien ne se passe. Ils marquent généralement le coup en prononçant des discours dans les quartiers les plus fréquentés lors de l'anniversaire de l'Empereur par exemple. Ils affrontent leurs ennemis jurés (左翼, sayoku, groupe de gauche), chaque année, lors de l'anniversaire de la défaite du Japon. Les groupes uoyku ne sont jamais inquiétés, puisqu'ils sont soutenus par des politiciens locaux et la police.
Je me souviens d'une anecdote qui m'a fait beaucoup réfléchir. Lorsque le Tengu était encore un étudiant, il y a quelques années, il vivait à côté d'un dortoir destiné aux étudiants chinois. Chaque mois, un groupe uyoku venaient ratonner les étudiants asiatiques (en majorité de sexe féminin). Nous avons appelé la police, et personne n'est jamais venu. Les groupes uyoku, bien que ne s'attaquant qu'à des cibles très précises, ont carte blanche et font généralement ce qu'ils veulent. Ils s'attaquent aux professeurs ou aux journalistes qui ne leur plaisent pas; ils prononcent des discours tonitruants en face de grands magasins jusqu'à ce que le gérant leur donne quelques liasses pour qu'ils s'en aillent; ici, ils harcèlent un famille coréenne pendant plus d'un mois en hurlant des discours racistes (cette famille coréenne venait d'acheter un maison; certainement alertés par un membre très prévenant du voisinage, une dixaine de membres d'une faction uyoku ont stationné leurs fourgonnettes devant cette maison pendant plus d'un mois, en passant des discours tonitruants sur le thème de "retourne dans ton pays"); là ils restent pendant des années en face de l'ambassade de Russie, en scandant des slogans sur le thème de "rendez-nous ces îlôts volcaniques infertiles que vous nous avez volé lors de notre compagne de réunification de l'Asie...débutée en 1937". Bref, des fachos, certes, mais qui finalement bénéficient de passe-droits et d'appuis à tous les niveaux. De plus, ils se revendiquent directement de groupes actifs durant la Deuxième Guerre; ils n'ont en aucun cas besoin de se refaire une beauté et de s'acheter un conduite, comme beaucoup de groupes et partis d'extrême droite en Europe. Les reliquats de la Deuxième Guerre mondiale, ne choquent pas au Japon; le massacre de Nankin nié sur la télévision nationale, avec des preuves présentées par mannequin en minijupe, fait l'unanimité. Les Japonais crient au scandale lorsqu'un touriste lache un papier gras, mais ne s'offusquera jamais devant des brutes nazies qui défilent en rang d'oignon sous leur fenêtres. Et le problème est bien là: entre la Deuxième Guerre et aujourd'hui, il n'y a pas eu des ruptures. Quoi? S'excuser? Mais on a payé avec Hiroshima et Nagasaki!!!

Certains diront que les Américains, peu après la guerre, ont relaché des criminels de guerre pour contrer les Rouges.

D'autres diront que les pays avoisinants sont bien trops hostiles et différents du Japon pacifique, unique et divin, et que l'on ne tend pas la main à un poing menaçant.

D'autres diront que les Chinois ont envahi le Tibet et le Xinjiang, et qu'il est hors de question de s'excuser dans ces conditions.

Les Japonais savent s'excuser pour toutes sortes de broutilles. Mais lorsqu'il s'agit de s'agenouiller, de demander pardon et de présenter de vraies excuses, sans rien attendre en retour, les élites japonaises ne savent pas y faire. Culturellement, ils ne savent pas comment présenter des excuses sincères et leurs élites sont bien trops arrogantes pour laver l'honneur de leur pays. N'oublions également pas que tous les hauts dirigeants japonais descendent en droite ligne de criminels de guerre et de dignitaires facistes de la Deuxième Guerre (par exemple, la mère de Shinzo Abe, Yoko Kishi, est la fille de Nobusuke Kishi, ancien Premier Ministre du Japon et Criminel de Guerre de classe A, son père et son grand-père étaient également des politiciens de haut-rang; des prisonniers de guerres ont également travaillé dans les mines que possédaient la famille de Taro Aso, etc...).

Le Japon a atteint un degré d'opulence qu'aucun pays asiatique n'a encore pu égaler. Nous pourrions argumenter pendant des années, mais il n'en reste pas moins que, même si le Japon a connu un succès économique certain dans les années quatre-vingts, ils restent encore des progrès énormes au niveau des moeurs et des bonnes manières. Beaucoup de Japonais pensent sincèrement qu'un bon service est celui ou l'on vous gueule "irashyai" cent fois de suites au milieu de la figure; beaucoup de Japonais pensent également qu'un coup fil dans un train n'est pas moins bruyant que l'apocalypse, mais qu'un vieux bourré qui se gerbe parmi sur le quai fait partie du folklore. Et beaucoup de Japonais pensent que si Koizumi s'est excusé une ou deux fois (avant de se rendre au Yasukuni pour prier à la mémoire de soldats morts, criminels de guerre inclus), et bien c'est bon, nous sommes sauvés. Une excuse, à la Japonaise, en croisant les doigts dans le dos, et tout ira bien. Les entorses au bon sens et l'ignorance totale de ce que peut éprouver autrui menacent le Japon de suivre son destin, probablement tout tracé, de pays dont tout le monde se fiche, de future colonie internationale. Le sang pur du Yamato, race choisie des dieux et guidée par l'Empereur sera tari et l'Archipel sera partagé entre les Chinois (pour les restos, les troquets et autres bouges improbables), les Americains (pour la défense) et les Européens (pour les femmes).

Et au milieu de tout cela, les quelques hommes japonais restants, vêtus de leur complet gris, coiffés d'une raie sur le côté, hausseront probablement les épaules et diront probablement: われわれは日本人だよ。

(Mais euuhh, nous sommes Japonais)

Les évangélistes s'habillent en Prada


A l'approche de Noël, les Japonais (et les Japonaises en particulier) déboursent des millions de Yen, envahissent les magasins pour le plus grand bonheur des multinationales. Le géants européens en particulier se frottent les mains: Louis Vuitton, Chanel, Godiva et pleins d'autres. La folie consumériste des Japonais, la pression sociale et un marketing mensonger et ravageur ont fait du Japon et de ses traditions un ersatz de culture européano-asitatique post-moderne. Rendez vous compte: les multinationales chocolatières ont réussi à faire croire aux petites demoiselles que la tradition de la Saint-Valentin veut que les femmes donnent des chocolats à tous les mâles qui les environnent. Que ce soit au lycée ou sur leur lieu de travail, le femmes doivent distribuer de petites tablettes hors de prix à tous les mâles lascifs et lubriques qui les oppriment. La contrepartie masculine de la Saint-Valentin à la japonaise s'appelle le White Day, autre invention sortie de nulle part (les multinationales ont non seulement réussi à importer des fêtes et à les transformer à leur avantage, mais elles sont également parvenues à créer des fêtes de toutes pièces). Les hommes doivent à leur tour distibuer les pépites, mais étant donné la nature fainéante et machiste du mâle japonais, cette tradition fera probablement long feu.

Pour en revenir à Noël, les multinationales européennes, garante du bon goût et créatrices de nouvelles traditions onéreuses, ont également réussi à importer Noël au Japon. Un Noël mutant. Noël est une fête pour les couples au Japon. La tradition (qui remonte à, disons, 2002) veut que les couples se rendent au restaurant et s'offrent des cadeaux. Une autre fête consumériste. Bon, c'est mignon, objecterez-vous. Et je ne vais pas vous donner tort. Il est toujours plus sympathique de passer un Noël en escortant une charmante donzelle japonaise que de parler politique à moitié bourré et de danser la queue-leuleu. Et l'esprit de Noël ne représente pas grand chose pour moi non plus. Mais ce que je trouve effrayant avec Noël au Japon, c'est que des multinationales fabriquent des traditions de toutes pièces. Nous savons tous que le capitalisme est basé sur la création de nouveaux besoins, mais dans le cas des fêtes de fin d'années et de la Saint-Valentin, la création de nouveaux besoins s'accompagnent d'une auto-destruction culturelle difficile à imaginer. C'est pourquoi, si vous voulez découvrir le coeur même de la culture japonaise, je ne recommenderai jamais Kyoto, mais Disneyland. Une telle prédation de la part des multinationales occidentales ravagent le Japon depuis quelques années et également l'Asie.

Qu'en pensent les Chrétiens japonais? Rien. J'ai rencontré quelques Chrétiens, et la plupart d'entre eux fêtent Noël en couple.
Je ne suis pas du tout en train de défendre l'esprit de Noël ou la Chrétienté. Je suis un Tengu, a godless killing machine. Je suis juste un peu inquiet de voir à quel point certaines entreprises ont réussi à anihiler des pans entiers d'une culture millénaire pour les remplacer par l'adoration de Mickey et de Pluto.

Cepedant, il y a pire. Pendant la période de Noël, des pancartes jaunes essaiment aux quatre coins de la capitale: Ginza, Shibuya, Shinjuku, tous les grands quartiers sont envahis par de curieux messagers, habillés comme des pécheurs. Ils portent des haut-parleurs, qui diffusent une litanie lente et glauque. Ce sont des évangélistes, ou des pentecôtistes, ou des adventistes, ou je ne sais quelle troupe de grenouilles de benitiers superstieuses casse-bonbons. Ils ne sont pas Japonais: ils sont Coréens pour la plupart (les Chrétiens de Corée comptent parmi les plus virulents et prosélytes) et militent pour une sombre association, dont je n'ai malheureusement pas pu obtenir le nom. Les messages crachés par leur haut-parleur indiquent aux passants "qu'il n'y a pas de salut en dehors du Christ", leur pancarte indiquent la même chose.

Les Japonais ne sont pas religieux. Ils croient en beaucoup de choses, et même s'ils sont parfois impressionnables et crédules, la plupart d'entre eux se méfient de la religion comme quelques chose qui divise, quelque chose de fondamentalement étranger et insoluble; bienvenu sur les terres de Wa (和, Japon, harmonie, paix, équilibre). L'identité japonaise est unique; les Japonais descendent d'un autre primate, ils ne sont pas connecté au monde extérieur et sont culturellement si uniques, tellement uniques et "tellement plus uniques que les autres nations" (cf, Satoshi Tominaga, et voir les études basée sur le Nihonjin-ron 日本人論), que la Chrétienté ne conquerra pas le Japon.

Les évangélistes ne font pas recette. Mais Saint Louis Vuitton, l'Église Armani et les osties Godiva ont bati des églises sur tous les territoires et ne s'en iront probablement jamais.

dimanche 28 décembre 2008

Du hooliganisme au Japon



Les Japonais vont au stade en famille. Le prix relativement bas des places permet à la famille nucléaire monoparentale japonaise d'essaimer aux quatre coins du stade. Si le club est basé à Tokyo, vous verrez également un nombre impressionant de charmantes demoiselles en minijupe; impensable en Europe, où les femmes et épouses du ballon rond sont généralement des quinquagénaires moustachues. Lors d’un match du FC Tokyo, la foule, bien que formée d'éléments trés disparates, paraît uniforme. Celle-ci rugit, vrombit et chante, en formant une cadence répétée et automatique qui rappelle les défilés nord-coréen. En Europe, bien que l'assistance soit hétérogène (jeunes hommes avinés entre vingt et trente ans pour la plupart), celle-ci paraît bien moins disciplinée. Il est vrai que les Japonais aiment le groupe; et un Japonais ressemblera toujours à un autre Japonais me direz-vous. Le Japonais adule les stars du ballon rond et veut ressembler à l'homme banal dans les tribunes. L'homme banal se trouve au sommet de la chaîne alimentaire japonaise. L'homme banal a la meilleure assurance vie: pas de honte, pas de colère, pas d'amour: il n'évolue pas, mais vit bien, seul, niché au sein de la mutlitude. Le supporteur japonais siffle peu; il suit l'action et entonne les mêmes chants pendant quatre-vingts-dix minutes.

Le match continue. De jeunes vendeurs de bières arpentent les tribunes. Le Japon figure certainement en première place au palmarès des pays du confort consumériste, et cette seule pensée m'est absolument délicieuse.

Bien que le niveau de la Ligue japonaise (J-League) soit relativement moyen, elle attire un public considérable et remplit des colisées gigantesques à chaque match. Le football est essentiellement un hobby familial.

Cependant, les fans de certains clubs périphériques (banlieue de Tokyo, à savoir les préfectures de Kanagawa et de Saitama et de quelques autres patelins un peu plus lointain, comme Kashiwa et Osaka) se montrent un peu moins courtois que leurs soi-disant rivaux tokyoïtes. Certains éléments ont tendance à la jouer européenne et souhaitent importer les côtés vils du ballon rond et les généraliser à l'échelle du pays, en créant de toutes pièces de derbys et des rivalités qui n'ont pas lieu d'être.

De passage à Yokohama, j'ai passé une soirée dans un bar dédié aux Marinos (le club phare de la ville). Après avoir visionné les plus grands moments du club, à l'époque où les matchs se donnaient au Stade Mizusawa (les Marinos évoluent aujourd'hui dans le Stade Nissan, qui est la plus grande enceinte du Japon), le patron me propose un ticket pour le prochain derby de la préfecture de Kanagawa qui se donnera au Stade Olympique(国立競技場, kokuritsu kyougijou): Yokohama F. Marinos VS Kawasaki Frontale.

Nous nous rencontrons un semaine plus tard. Après quelques bières plutôt matinales, il me raconte comment les forces de l'ordre ont décimé les rangs des ultras des Marinos. La rivalité entre le Yokohama FC et le Yokohama F. Marinos a apparemment fait rage dans les années quatre-vingts-dix et a du même coup suscité les craintes des autorités, qui depuis quelques années ne tolèrent plus aucun débordement. Un petit majeur en l'air, et toute une troupe de stadier se pointe pour vous en parler.

La J-League, en tant que ligue professionelle, a été fondée il y a une quinzaine d'années. Il est impossible de comprendre comment sont nées ces rivalités. Le baseball ameute bien plus de fans sur l'ensemble du pays et les actes de hooliganisme se limitent à quelques papiers gras jetés avec nonchalance dans les toilettes du stade. Comment se fait-il que le football japonais se dirige à la vitesse de la lumière vers son inexorable destin, fait de violence et de combats de coqs? Génération spontanée? Imitation de l'Occident dans ses moindres détails? Ou est-ce que le football génère automatiquement des sentiments belliqueux à l'égard d'autrui? Le public tokyoïte n'a rien à se reprocher, si ce n'est leur attitude un peu "passe-partout": ces fans hululeraient de la même manière pour du baseball, du curling ou une partie d'échec. Les fans de Saitama, de Kanagawa et d'Osaka hululent de la même manière, même si certains de leurs membres cherchent désespérément de nouveaux ennemis. Cependant il convient de relativiser le phénomène: l'animosité que se vouent les membres de certains fan-clubs est l'apanage d'un nombre très restreint de supporteurs. Les fans japonais peuvent aisemment donner des leçon de courtoisie aux supporteurs européens. Ceux-ci, en échange, se feront certainement un malin plaisir à leur enseigner quelques leçons d'allégresse.